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YDA : "young digital addicts"

Photo du rédacteur: Maurice Johnson-KanyongaMaurice Johnson-Kanyonga

Dernière mise à jour : 17 mars


addiction aux écrans chez les jeunes

Café, sucre, shopping, musculation, jeux vidéo et réseaux sociaux mais aussi paris sportifs, jeux d’argent, médicaments, alcool, drogues ou pornographie, autant de petits plaisirs de la vie que de produits dangereux, qui mènent parfois à la consommation intensive, à l’excès et aux comportements compulsifs provoquant perte de contrôle et conséquences négatives sur la santé et les relations sociales, n’épargnant personne, pas même les adolescents.


Collés sur leurs smartphones, abonnés à toutes les promotions et démarques ou victimes de dealers sans scrupules, ces addicts souffrent d’un même mal, celui de ne pouvoir décrocher d’un besoin de consommer, de succomber à la tentation et de satisfaire une envie immédiate sous peine de souffrance.

Ces jeunes, parfois coupés du monde et des activités sociales, en grande souffrance, ne perçoivent pas toujours leur dépendance psychologique.


L’addiction, un phénomène complexe, inhérent au comportement humain et amplifié par notre style de vie moderne et urbain, empreint d’une intensité quasi permanente dans lequel les conduites addictives se multiplient en touchant de nombreux jeunes, notamment par l’évolution des technologies et des modes de vie, qui font émerger de nouvelles formes d'addiction, celles liées au numérique.


Dans un monde de plus en plus connecté, les écrans occupent une place centrale dans notre quotidien. Les réseaux sociaux et les jeux vidéo sont devenus des outils incontournables pour communiquer, se divertir et s’informer. Cependant, leur usage excessif peut mener à une véritable addiction, impactant la santé mentale, les relations sociales et la scolarité.


L’addiction numérique, un nouveau défi sociétal


Une addiction est généralement définie par une dépendance à une substance ou à une activité, une envie répétée et irrépressible de faire ou de consommer quelque chose en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire ; avec des conséquences nuisibles à la santé. La dépendance se caractérise par un désir souvent puissant, voire compulsif, de consommer ou de pratiquer une activité.


D’un point de vue scientifique et médical, les addictions sont des pathologies cérébrales définies surtout par une dépendance à une substance (parfois une activité), avec des conséquences délétères.


Les principales addictions reconnues comme telles sont le tabac, l’alcool, le cannabis, les opiacés (héroïne, morphine), la cocaïne, les amphétamines et les dérivés de synthèse. Parmi les addictions sans substance, seul le jeu pathologique (jeux de hasard et d’argent) est cliniquement reconnu comme une dépendance comportementale dans les classifications diagnostiques internationales.

 

En pratique, on distingue trois types de symptômes de l’addiction : 1) les comportements addictifs envahissent progressivement la vie quotidienne, au détriment de la vie familiale, sociale, scolaire ou professionnelle, 2) la perte de contrôle progressive sur la quantité de substance prise et le temps dédié à l'activité addictive avec l’impossibilité croissante d’arrêter ou de réduire les comportements addictifs et l’envie irrésistible de consommer alors que celle-ci est ressentie comme inappropriée 3) des conséquences notables sur la santé physique et mentale.


Bien que la consommation intensive -à partir de 8 heures par jour- de jeux vidéo ou de réseaux sociaux ne soit pas considérée comme une addiction par une large frange du corps médical, j’assiste au quotidien à des situations de jeunes en détresse qui présentent des symptômes similaires à ce que provoquent les addictions dérivées de produits.


Depuis 2015, et bien plus encore après la pandémie de Covid-19 et les confinements associés, j’ai vu une explosion de cas de jeunes en grande souffrance psychologique, victimes des effets négatifs des technologies numériques.


Pour avoir travaillé longtemps avec des joueurs compulsifs, j’ai observé certains mécanismes propres aux effets provoqués par les jeux d’argent sur les utilisateurs intensifs d’écrans. Lorsqu’une action se solde par une retombée positive : gagner pour l’argent pour le joueur compulsif, produire de l’engagement sur les réseaux sociaux ou participer au live dans les jeux vidéo ; certains circuits neuronaux produisent de la dopamine (un neurotransmetteur responsable des sensations de plaisir et de douleur). Chaque individu a ainsi conscience du bien-être procuré mais il ne s’agit jamais dans ce cas d’une récompense passive qui comble les envies ; les circuits de dopamine sont intimement liés au désir tel qu’il s’exprime quand on s’exclame : « woaow ! c’était génial, j’en veux encore ! ».

 

Chez le joueur compulsif, le processus en œuvre qui consiste à gagner de l’argent n’est pas suffisant pour que celui-ci puisse rentrer chez lui satisfait. Le plaisir ressenti -mélange de stress dû au risque et d’espoir de gains conséquents- le pousse à continuer. Le même processus se répète pour les jeux vidéo, les réseaux sociaux, les sites marchands et autres applications qui amènent systématiquement les jeunes utilisateurs à y consacrer toujours plus de temps -et à y dépenser bien plus d’argent que prévu…


La base neuronale des addictions comportementales aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux n’étant certes pas exactement la même que celle des addictions chimiques aux drogues (cocaïne, héroïne ou cannabis), néanmoins, toutes ces dépendances partagent en commun des pics de dopamine, des désirs compulsifs et des sentiments d’impuissance à répondre à des souhaits conscients comme la privation, la réduction ou l’arrêt définitif de consommation.


Le défi qui se pose à notre époque est que l’addiction numérique est moins le fait de conséquences incontrôlées que de la recherche et la mise en œuvre de procédés destinés à hameçonner et à maintenir les utilisateurs d’écrans en ligne toujours plus longtemps. Au même titre que les dealers de substances psychotropes, qui s’obstinent à maintenir leurs consommateurs dans la dépendance, les concepteurs de jeux vidéo et de réseaux sociaux s’échinent à maintenir les utilisateurs toujours plus connectés.


Les plateformes comme Instagram, TikTok, Snapchat et Facebook sont conçues pour d’abord capter l’attention grâce aux notifications, aux likes et aux contenus courts et engageants qui activent dans le cerveau les circuits de plaisir pour ensuite produire des effets anxieux comme la peur de manquer une information ou un moment crucial qui pousse à rester connecté en permanence, plongeant alors l’utilisateur dans une boucle sans fin. Dans le même sens, l’effet stimulant des jeux vidéo -comme Fortnite, Brawl stars ou GTA RP- sur le cerveau qui proposent des défis et des récompenses motivants, un sentiment d’appartenance fort grâce aux communautés multijoueurs et des univers larges, ouverts et propres à l’évasion face aux difficultés du quotidien, produit le même attachement aux écrans.


Fille et Garçon, logés à la même enseigne ?


L’addiction aux écrans entraînent trois conséquences majeures sur les jeunes utilisateurs : 1) la privation sociale qui réduit le temps passé entre pairs, famille et amis, 2) le manque de sommeil qui s’est dégradé tant en quantité qu’en qualité débouchant sur des effets directs sur la santé et le comportement : dépression, anxiété, irritabilité, déficits cognitifs, difficultés d’apprentissage et faibles résultats scolaires, 3) la fragmentation de l’attention par la multiplication des notifications, des alertes et des sollicitations qui ne permettent plus à un jeune de rester concentré un temps long hors écran.

 

Au-delà de ces constats, j’observe encore que les réseaux sociaux et les jeux vidéo n’affectent pas les filles et les garçons de la même façon. Mon expérience clinique auprès de mes patients me permet d’identifier quelques différences de genre bien que celles-ci ne soient pas absolues pour autant.


Les filles sont particulièrement vulnérables aux réseaux sociaux notamment parce qu’elles sont plus sujettes à la comparaison sociale et au perfectionnisme. Leur corps et leur vie sociale changeant à toute allure au sortir de l’enfance, elles s’efforcent de trouver leur place dans la nouvelle hiérarchie du prestige qui préside à leur sexe. Quasiment tous les adolescents font attention à leur apparence, notamment à l’âge des premiers amours. Tous savent qu’ils seront élus ou ignorés sur base de leur physique. Or, pour les adolescentes, l’enjeu est plus lourd encore car le statut social d’une jeune-fille dépend souvent plus étroitement de sa beauté et de son physique que ce n’est le cas pour un garçon. Sur les réseaux sociaux, les jeunes-filles sont donc plus attirées par des plateformes visuelles où elles sont soumises à des jugements constants et plus sévères sur leur visage et leur corps avec des standards de beauté parfois inatteignables.


Les garçons, quant à eux, sont plus attirés par des activités régies par l’action, la compétition, l’expression de la virilité ou la pornographie à travers une simulation convaincante de nombreux plaisirs du monde réel comme les relations sociales, les jeux ou le sexe. Les jeux vidéo offrent ainsi aux garçons des contenus qui leur permettent d’expérimenter et d’apprendre à développer des compétences propres à leur genre. Quant aux sites pornographiques, en manipulant les pulsions évolutives profondes des jeunes garçons, ceux-ci détournent les désirs et la sexualité à leur profit. La pornographie en ligne n’amplifie pas seulement la probabilité de dépendance mais elle risque surtout de conduire les garçons à choisir la facilité pour se satisfaire sexuellement (en regardant des vidéos), plutôt que de s’engager dans le monde incertain et périlleux de la séduction et des rencontres amoureuses.


Prévenir et gérer l’addiction au numérique


Les réseaux sociaux et les jeux vidéo peuvent être bénéfiques à certains jeunes en les reliant à des communautés positives, ainsi qu’à des personnes avec lesquelles ils partagent une identité, des capacités et des intérêts. Ils peuvent donner accès à des informations importantes et ouvrir un espace d’expression individuelle. La possibilité de nouer et de nourrir des amitiés en ligne et de développer ses relations sociales est un des effets salutaires du numérique pour les jeunes. Ces relations peuvent donner lieu à des interactions avec des groupes d’individus plus diversifiés que ceux qu’ils fréquentent hors ligne et constituer un soutien social important. Pour des jeunes marginalisés, incluant les minorités raciales, ethniques, sexuelles et de genre, les manifestations de soutien de la part de pairs en ligne peuvent avoir un effet tampon considérable contre le stress.


Afin d’en préserver les avantages, il importe donc de fixer des limites de temps maximal d’écran par jour, d’en proscrire l’utilisation avant de dormir au profit d’activités apaisantes comme la lecture, de varier les loisirs et d’encourager des activités physiques et sociales hors ligne, de créer des espaces sans écrans (à table ou dans la chambre), de sensibiliser aux dangers d’un usage excessif, d’encourager la communication et les échanges en famille ou encore de consulter un professionnel si l’addiction entraîne un isolement social, des troubles comme l’anxiété ou la dépression ou des perturbation du sommeil.


Grandir dans le monde virtuel favorise l’isolement, l’anxiété et l’addiction, il est donc essentiel de rappeler que, même si notre monde reste en constante évolution, nos jeunes s’épanouissent d’abord en s’encrant dans les communautés du monde réel et non pas au sein des réseaux virtuels désincarnés.



Voir aussi : ma conférence Education 2.0




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